La légalisation de la gestation pour autrui (GPA) : enjeux et perspectives

La gestation pour autrui, communément appelée GPA, est un sujet complexe et controversé qui soulève de nombreux questionnements juridiques, éthiques et sociétaux. Cet article se propose d’étudier les enjeux liés à la légalisation de la GPA, ainsi que les perspectives possibles pour encadrer cette pratique tout en respectant les droits des personnes concernées.

Qu’est-ce que la gestation pour autrui ?

La gestation pour autrui est une pratique médicale par laquelle une femme, appelée « mère porteuse », accepte de porter l’enfant d’un couple ou d’une personne seule, avec l’intention de leur remettre l’enfant à sa naissance. La GPA peut être réalisée grâce à une insémination artificielle ou à une fécondation in vitro (FIV), suivie du transfert de l’embryon dans l’utérus de la mère porteuse. Cette dernière peut être génétiquement liée à l’enfant qu’elle porte (GPA traditionnelle) ou non (GPA gestationnelle).

Les arguments en faveur de la légalisation de la GPA

Certains avancent plusieurs arguments pour justifier la légalisation de la GPA. Tout d’abord, ils soutiennent que cette pratique permettrait à des personnes souffrant d’infertilité ou ne pouvant pas concevoir naturellement un enfant (notamment les couples homosexuels et certaines femmes célibataires) de réaliser leur désir de parentalité. La GPA représenterait ainsi une solution de dernier recours pour ces personnes, après avoir épuisé les autres options médicales ou d’adoption.

Ensuite, la légalisation de la GPA pourrait permettre un meilleur encadrement juridique de cette pratique. En effet, en l’absence de législation claire, les personnes ayant recours à la GPA sont souvent contraintes de se tourner vers des pays où cette pratique est autorisée mais parfois peu régulée, ce qui peut entraîner diverses complications (fraudes, exploitation des mères porteuses, non-reconnaissance des droits des parents d’intention…).

Enfin, certains estiment que la GPA peut être considérée comme un acte altruiste et solidaire, dans la mesure où elle permettrait à une femme de réaliser le désir de parentalité d’autrui. Dans cette optique, la légalisation de la GPA pourrait s’accompagner d’un encadrement strict visant à protéger les droits et les intérêts des mères porteuses.

Les arguments contre la légalisation de la GPA

Les opposants à la légalisation de la GPA mettent en avant plusieurs arguments. Parmi eux figure l’idée selon laquelle cette pratique porterait atteinte au principe d’indisponibilité du corps humain et au respect de la dignité des personnes. Selon cette perspective, il serait contraire aux valeurs fondamentales du droit d’autoriser une femme à porter un enfant pour le compte d’autrui, en échange d’une rémunération ou non.

Par ailleurs, les détracteurs de la GPA soulignent les risques potentiels pour la santé physique et psychologique des mères porteuses, ainsi que les conséquences émotionnelles pour l’enfant à naître. En outre, ils estiment que la légalisation de la GPA pourrait ouvrir la voie à une marchandisation du corps des femmes et à une instrumentalisation des liens de filiation.

Enfin, certains craignent que la légalisation de la GPA n’entraîne une augmentation des demandes de cette pratique, avec pour conséquence un possible détournement des ressources médicales au profit d’une médecine « à deux vitesses », où seuls les plus aisés pourraient avoir accès aux services de procréation médicalement assistée (PMA) et de GPA.

Les perspectives possibles pour encadrer la GPA

Pour concilier les différentes positions sur le sujet, plusieurs pistes sont envisagées quant à l’encadrement juridique de la GPA. Parmi elles :

  • La mise en place d’un cadre législatif strict régissant les conditions de recours à la GPA (âge minimum des parents d’intention et des mères porteuses, contrôle médical et psychologique préalable…)
  • L’interdiction du commerce des gamètes et de toute forme de rémunération pour les mères porteuses, afin d’éviter toute marchandisation du corps humain
  • La création d’un registre national des mères porteuses, permettant de contrôler les pratiques et d’assurer la traçabilité des filiations
  • La mise en place d’un suivi médical et psychologique des mères porteuses et des parents d’intention tout au long du processus de GPA
  • Un accompagnement juridique pour les parents d’intention, notamment en ce qui concerne la reconnaissance de leur filiation à l’égard de l’enfant né par GPA

Cependant, il convient de souligner que ces pistes ne font pas l’unanimité parmi les acteurs concernés, et que le débat sur la légalisation de la GPA reste ouvert.

La légalisation de la gestation pour autrui (GPA) est une question complexe qui soulève des enjeux juridiques, éthiques et sociétaux importants. Les arguments en faveur et contre cette pratique méritent d’être étudiés avec attention, afin de déterminer les conditions éventuelles d’un encadrement juridique respectueux des droits et des intérêts de toutes les parties prenantes.